Témoignage d’une Reconversion Professionnelle dans l’ESS

Témoignage d’une Reconversion Professionnelle dans l’ESS

D’un cabinet de conseil à un éco-lieu, il y a plusieurs pas. Ces pas sont ceux de Marion Crosnier.

Enfant, Marion ne rêvait pas d’exercer un métier en particulier, à part peut-être éducatrice pour enfants aveugles après avoir lu Hélène Keller. Cette envie d’être au service d’un Monde meilleur l’animera tout au long de son parcours. Après des études dans une grande école de commerce, l'ESCP, ne sachant quel métier exercer, elle se dirige vers un cabinet de conseil, laissant de côté ses rêves d’enfant.

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Ces années d’expérimentation et de connaissance de soi avant le grand saut

Marion exercera le poste de Consultante pendant 5 ans au sein d’un cabinet spécialisé en Telecom et media, avec des missions centrées autour de la compréhension du client et de l’utilisateur : que veut-il ? pourquoi résilie-t-il ? quelles sont ses motivations ?

5 années passées à mener à bien ses missions et pour autant quelque chose cloche. L’environnement. L’environnement dans lequel elle exerce son métier lui apparaît, au fur et à mesure de son évolution au sein de l’entreprise, comme inadapté. L’humain y est laissé de côté, collaborateurs ou clients ne sont pas pris en considération. A quoi bon ?

Fatiguée par tout cela et par les semaines à plus de 60 heures, elle prend conscience que son chemin n’est pas celui-ci. Elle change alors de direction après un vrai gros burn out, qui sera finalement un véritable tremplin dans sa vie : impossible après cela de négocier avec soi-même, de trouver des petits arrangements qui souvent nous empêchent de changer, et de rester dans des environnements qui ne respectent pas l’humain.

Son envie à ce moment-là : diminuer son temps de travail et trouver une entreprise dont la mission a plus de sens tout en conservant de l’action. Marion aime quand ça bouge.

Elle cochera ces critères au poste de Responsable de l’Innovation et de la Stratégie d’une entreprise du web en plein essor, le bon coin.

6 mois après son arrivée, on lui propose de changer de poste pour devenir Responsable du Service Clients et de la Modération. Elle saisit cette opportunité pour se rapprocher à nouveau de l’utilisateur et mettre les mains dans le moteur.

Installée à son poste, elle veut bâtir l’équipe qui porte la voix et la culture du client en interne et redonne du sens à tous en rappelant "pour qui et quoi on travaille". Elle étoffe son service avec une équipe CRM puis une autre Stratégie Clients. Elle découvre le management, comment être "au service de" plutôt que "au-dessus de" comme donneur d’ordre ? Comment faire pour que les collaborateurs apprennent, se sentent en sécurité et reconnus ? Comment faire pour que ce temps de vie passé chaque jour au travail soit épanouissant pour elle et ses équipes ? Elle s’attachera à mettre en pratique des réponses à ces questions 3 années durant.

En bref, une belle expérience de 3 ans, qu’elle quitte finalement pour des raisons personnelles.

Elle arrive alors chez un autre acteur du web. Elle retrouvera dans cette "start-up nation" les travers qui lui ont fait quitter le conseil en stratégie. Expérience courte d’à peine une année. Elle ne peut définitivement pas s’arranger de ce quotidien.

C’est le moment de se lancer dans une aventure professionnelle nouvelle avec sa sœur, Céline. Voilà enfin le grand saut, qui se prépare en fait depuis 4 ans et son burn out.

Le grand saut dans le monde de l’ESS

A ce moment-là, sa sœur venait de finir le parcours Entrepreneur de Ticket For Change en portant un projet de cantine scolaire responsable.

Après un parcours en banque et assurance, ponctué de périodes stressantes, Céline est tombée malade. Par cette maladie, elle va relativiser son plan de carrière pour revenir à l’essentiel. Sa conviction : "Il faut qu’on change notre façon de nous nourrir. Si on le fait dès l’école en apprenant aux enfants à se nourrir autrement, à prendre conscience de : où ça vient, qui le fait, dans quelles conditions, quel impact sur la planète et son corps ?, alors on peut espérer changer globalement les mentalités."

Marion était en accord avec cette vision et s’est donc laissé tenter par cette aventure entrepreneuriale.

La V0 des Ciboulettes voit le jour.

Complémentaires, Céline a une conscience environnementale forte alors que Marion apporte cette conscience humaniste. Céline anticipe, cherche à maximiser l’impact, alors que Marion est plus intuitive et prend le temps des relations. A deux, elles se donnent aussi ce courage de quitter ces emplois bien rémunérés pour une autre aventure. L’envie est grande mais la peur les rattrape souvent, elles décident de vivre avec.

Pendant les 6 premiers mois, elles se forment, grâce au dispositif PMSMP de Pôle Emploi, et lancent en parallèle une première offre commerciale de repas bio destinés aux cantines scolaires.

Beaucoup d’écoles étaient intéressées mais peu de parents étaient prêts à payer plus cher la cantine pour des plats faits maisons avec des produits bio et locaux, dans des conditions de travail décentes pour les salariés.

Déçues, mais pas vaincues, elles persévèrent. Elles vont alors recevoir un appel qui va les amener à pivoter. Cet appel est celui de la SNCF qui leur propose de participer à un appel à projets pour investir les locaux inutilisés de la gare SNCF de Chelles.

Candidature envoyée à 22h le dernier jour, elles remportent cet appel à projets en Juillet 2018.

Leur projet prend une nouvelle tournure.

Après un an et demi de préparation, les Ciboulettes ouvrent en Octobre 2019. Cet éco-lieu, au cœur de la ville et dans la gare SNCF de Chelles, a 3 facettes : créer du lien social, éveiller les consciences avec des pratiques écologiques et expérimenter des business models différents.

Loin de leur idée première, la mission reste identique : la rencontre, l’échange et l’expérimentation, pour petits et grands, autour d’activités écologiques et culinaires, tout en se faisant plaisir.

Atelier des ciboulettes

Accompagnées par une quinzaine d’intervenants, rencontrés au fil des mois et du hasard, les Ciboulettes vivent à travers des ateliers que Céline et Marion animent. Il y a en a pour toutes les sensibilités : ateliers de coutures, vendredi tables ouvertes tel un café associatif, ateliers philo, ateliers de cuisine « végétarienne et anti-gaspi », dîners collaboratifs, séances de yoga, ateliers do it yourself : créer sa lessive ou ses produits de beauté, atelier d’herboristeries, permaculture au jardin pédagogique.

"On n’a pas tous la même entrée, certains ont besoin d’une entrée plus intellectuelle et d’autres au contraire plus sensorielle.”

Par exemple avec les dîners collaboratifs à base d’invendus de la biocoop : tout le monde cuisine ensemble. On apprend.On fait des rencontres en même temps et en plus la participation est libre.

“On ne veut pas faire quelque chose de contraignant mais en faire un plaisir. Ça s’est super important. Notre pari : un projet 100 % engagé qui teste un modèle alliant associatif et activité commerciale pour faire peser le moins de coûts fixes sur l’asso (loyer, emprunts, salaires) et ainsi ouvrir les ateliers au plus grand nombre.”

Marion est convaincue par une écologie intégrale : prendre soin de soi, des autres et de la nature. Nous sommes un grand TOUT, un éco-système.

"Il n’y a pas d’homme en bonne santé sur une planète malade, que ce soit à cause du réchauffement, de la pollution ou de l’écroulement de la biodiversité." Isabelle Autissier

Pour l’activité commerciale, Céline et Marion ont pivoté au bout de quelques mois. Elles ont d’abord testé une offre de restauration à emporter avec des plats bio locaux mais ce n’était pas rentable. Et passer leur temps en cuisine n’était pas ce qu’elles voulaient faire finalement. Elles avaient le sentiment de ne plus avoir le lien avec les gens qu’elles aiment tant. Alors elles ont commencé à proposer des formations en team buildings aux entreprises.

L’idée : proposer une activité sur comment faire les choses de façon plus durable, plus collective et plus coopérative. “On avait déjà ce plan B en tête et on l’avait testé pendant nos mois de préparation avant l’ouverture.” Marion s’est formée aux outils de l’intelligence collective, et grâce à leurs métiers d’avant, elles avaient une bonne palette de compétences à mettre à profit pour cet exercice. C’était pour elles assez naturel finalement de mener des ateliers autour de la gouvernance ou de la stratégie, d’animer des brainstorms, des ateliers de réflexion sur le pourquoi. Pour une entreprise du web par exemple, qui voulait que ses salariés prennent conscience de l’impact du numérique, elles ont créé un jeu de piste qui menait à des initiatives concrètes au travail à présenter ensuite au ComEx.

Les Ciboulettes sont un lieu d’expérimentation pour les gens et pour les deux soeurs. “Notre raison d’être : comment on utilise notre temps de vie à quelque chose qui soit bon et qui soit juste ? Beaucoup de gens viennent nous voir, avec l’envie de créer ce type de lieu dans leur commune. On réfléchit à comment partager notre expérience le plus largement possible, mais pour ça, il faut d’abord que le modèle tourne et devienne pérenne."

Pour finir Marion nous a confié les conseils qu’elle aimerait partager.

Commencer, agir, c’est de cette façon que les envies naissent, il faut expérimenter et ne pas passer 2 ans à chercher un lieu, faire un Business Plan ou passer un diplôme. Il y a plusieurs façons de commencer, mais il faut avant tout se mettre en chemin : missions associatives, rencontres avec des acteurs locaux, inscription dans une formation, séances de coaching…

Ne pas tomber amoureux de sa solution mais de sa mission. Il existe énormément de façons de faire vivre une mission, il faut donc davantage s’attacher au pourquoi, à sa raison d’être et prendre le comment comme un test parmi d’autres

"Notre finalité : planter des graines et participer à construire un monde pérenne." Marion Crosnier

Alexia Neveu

Alexia Neveu

Créatrice de Beyond Rugby

Après 7 années passées en agences de publicité et chez leboncoin, Alexia créé en 2019 Beyond Rugby ainsi qu'un podcast Trajectoires dans lequel elle interroge d’anciens rugbymen professionnels sur leur reconversion. Sensible à l’économie sociale et solidaire, elle nous propose des portraits de personnes travaillant dans l'ESS.

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